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Trottinettes, vélos, scooters: hausse «exponentielle» des feux de batteries



La hausse inquiétante du nombre d’incendies de véhicules électriques pousse l’École nationale des pompiers du Québec à élaborer une formation pour mieux intervenir sur ce type de brasiers particulièrement rapides et violents.

Les modes de transport électrique comme les voitures, les trottinettes, les vélos et les scooters électriques sont de plus en plus populaires, mais viennent avec un risque: le type de batterie qu’on trouve à l’intérieur. Les batteries lithium-ion alimentent ces véhicules, car elles sont légères et possèdent une grande densité d’énergie. Mais lorsqu’elles sont défectueuses, utilisées ou chargées de manière inadéquate, elles peuvent causer un incendie et parfois même une explosion.

Des recrues du Service de sécurité incendie de Montréal assistent à leur première formation. Ils seront bientôt aussi mieux outillés pour intervenir sur des incendies de batteries lithium-ion. MARIE-LAURENCE DELAINEY / AGENCE QMI MARIE-LAURENCE DELAINEY / AGENCE QMI

Même si leur nombre reste marginal à côté des feux de cuisson et d'articles de fumeurs, les incendies causés par les batteries lithium-ion ont presque doublé en un an à Montréal. En 2023, les pompiers du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) sont intervenus à 43 reprises, contre 24 pour l’année 2022, sept en 2021, neuf pour 2020 et trois pour 2019.

«C’est exponentiel, et c’est normal parce qu’il y a plus de trottinettes électriques, de vélos électriques sur les routes. Est-ce qu’on est optimal en matière d’intervention? La réponse, c’est oui. Est-ce qu’on pourrait l’être plus? La réponse, c’est oui aussi», explique le chef de division au SIM, Martin Guilbault.

Des recrues du Service de sécurité incendie de Montréal assistent à leur première formation. Ils seront bientôt aussi mieux outillés pour intervenir sur des incendies de batteries lithium-ion. MARIE-LAURENCE DELAINEY / AGENCE QMI MARIE-LAURENCE DELAINEY / AGENCE QMI

Le ministère de la Sécurité publique et l’École nationale des pompiers du Québec ont convenu de rédiger des lignes directrices s’inspirant des meilleures pratiques pour intervenir sur des feux de batteries lithium-ion. «C’est une problématique mondiale. On s’est basés sur ce qui s’est fait partout dans le monde – on parle de l’Australie, Marseille, les États-Unis – pour amener une formation plus récente et à jour», explique le directeur des opérations de l’École des pompiers, Dany Drolet.

Des couvertures anti-feu?

Parmi les pistes de solution figurera entre autres l’utilisation des couvertures anti-feu. Actuellement, il est possible d’acheter sur internet ce type de couvertures destinées à des petits incendies, comme les feux de cuisson. Un matériel de plus grande taille et adapté spécifiquement aux véhicules électriques pourrait être utilisé pour recouvrir les voitures en cas d’incendie.

Les autres mesures suggérées seront rendues publiques en même temps que le rapport en juin et sont destinées à l’ensemble des 622 services incendies du Québec qui doivent maintenant tous cohabiter avec l’utilisation des batteries lithium-ion.

180 000$ de dommages... causés par une trottinette électrique

À Drummondville, le 13 mars dernier, un incendie dans un immeuble à logements causé possiblement par un mauvais entreposage d’une batterie de vélo électrique a mis à la rue une vingtaine de locataires.

À Québec, le 5 septembre, un sexagénaire a été blessé dans l’incendie d’un immeuble résidentiel aussi provoqué par un vélo électrique.

Le 12 mai 2023, une trottinette stationnée à l’intérieur d’une résidence de Gatineau a explosé parce que la batterie aurait connu une défectuosité. PHOTO FOURNIE PAR JACYNTHE LEPINE-HADDAM PHOTO FOURNIE PAR JACYNTHE LEPINE-HADDAM

À Gatineau, une trottinette électrique a causé un véritable cauchemar à une famille l’an dernier. Le 12 mai 2023, vers 2h30 du matin, la trottinette chargée dans le sous-sol d’une résidence de Hull a littéralement explosé.

Le 12 mai 2023, une trottinette stationnée à l’intérieur d’une résidence de Gatineau a explosé, causant des dommages d’environ 180 000 $. PHOTO FOURNIE PAR JACYNTHE LEPINE-HADDAM PHOTO FOURNIE PAR JACYNTHE LEPINE-HADDAM

«Je n’ai jamais eu peur de même de ma vie. Notre garçon est monté en criant... Nous sommes sortis, mon chum est rentré avec la “hose” de jardin pour essayer d’éteindre le feu en attendant les pompiers, raconte Jacynthe Lépine-Haddam. Mon garçon et moi, on tirait sur le boyau pour qu’il sorte, mais il ne voulait rien savoir. Grâce à sa tête dure, on n’a pas tout perdu, pas loin, mais pas tout.»

La mère ajoute avoir dû déménager temporairement, les dommages à la maison étant évalués à plus de 180 000$.

Les pompiers recommandent de toujours utiliser une batterie et un chargeur d’origine. Mais dans le cas de Gatineau, tout était pratiquement neuf et venait de la compagnie qui avait vendu la trottinette. «C’est le “cut-off” de la batterie qui n’a pas fonctionné. C’est quelque chose que personne n’aurait pu prévenir, c’est ça qui est le plus épeurant. Maintenant, j’entends un bruit la nuit, je ne dors plus, j’angoisse. J’aimerais que tout le monde soit au courant que les batteries lithium dans ces petites machines sont vraiment dangereuses. Je les chargerais à l’extérieur et loin de tout», prévient Mme Lépine-Haddam.

Le 12 mai 2023, une trottinette stationnée à l’intérieur d’une résidence de Gatineau a explosé, causant des dommages d’environ 180 000 $. PHOTO FOURNIE PAR JACYNTHE LEPINE-HADDAM PHOTO FOURNIE PAR JACYNTHE LEPINE-HADDAM
Les petits modes de transport plus à risque

À Montréal, on s’inquiète d’ailleurs surtout des petits véhicules comme les trottinettes, vélos et scooters, car la batterie doit être remplacée.

«Les voitures électriques, c’est sécuritaire. La batterie, c’est une batterie de concessionnaire qui est mise dans le véhicule, qui a une durée de vie qui est très longue. Tandis que dans tout ce qui est micromobilité, les durées de vie des batteries sont plus courtes, les gens sont portés à les changer par d’autres types de batteries qui ne sont pas nécessairement la batterie originale», explique Martin Guilbault.

L’entreposage est aussi une préoccupation pour le SIM, comme les locataires ont l’habitude de stationner leur trottinette ou vélo à l’intérieur des immeubles. Il est recommandé de ne pas laisser le véhicule dans l’entrée menant à l’extérieur de la résidence pour pouvoir sortir en cas d’incendie.

«C’est pour ça qu’on a toujours les cinq bons. Bonne batterie, bon chargeur, au bon endroit, bon moment, avec un avertisseur de fumée fonctionnel. C’est ces cinq règles-là qu’il faut respecter», ajoute M. Guilbault.

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